Je me suis remis à peindre... Genre peinture fulgurante !
J'ai un projet d'album, depuis un moment, sur la vie du pygmée Ota Benga, qui en 1906, avait été exposé à l'exposition coloniale de Saint Louis, puis au Zoo du Bronx. Ota Benga s'est suicidé en 1916. C'est une triste vie que la sienne, et pour la raconter, j'ai besoin de comprendre son état d'esprit... Ou en tous cas d'avoir l'impression de le comprendre (il faut croire à ce qu'on raconte !!)... C'est difficile pour plusieurs raisons que je n'exposerai pas ici. Je ne suis pas certain de parvenir un jour à trouver les mots pour raconter cette histoire... Mais j'y travaille constamment, c'est un truc de fond. Et justement je mangeais mon sandwich, assis devant mon salon de tatouage, pensant aux destins de Socrate et d'Ota Benga (j'y vois une similitude, c'est comme ça), et j'ai repensé à ce moment où le pygmée travaillait sur un chantier, il avait trouvé un clou tout tordu par terre, il l'avait ramassé en riant, et avait crié, comme s'il venait d'avoir une révélation : "Hahaha ! Mouzoungous !!"... Mouzoungous signifie "les hommes blancs". Je pensais à ça et mon regard se fixe sur un objet au sol, je le regardais sans le voir... Un clou tordu ! Est-ce lui qui m'a rappelé Ota inconsciemment, ou alors une sorte de hasard bizarre ? En tous cas, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose de ce clou.
Parce que je ne sais pas pourquoi Ota Benga a identifié l'homme blanc à un clou tordu (encore que dit comme ça, ça semble évident...), parce que Ota Benga avait, paraît-il, une grande fascination pour les clous justement... J'ai réfléchi, et je me suis dit que je ne comprenait pas Ota sur ce coup là, et j'ai décidé de le prendre au mot (les pygmées sont attaché au premier degré, surtout s'il y a de l'humour !), j'ai donc fait une toile en hommage au regard d'Ota sur les mouzoungous : Un monochrome blanc sur blanc !
A Ota Benga.